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L'entrepreneur...

07/11/2008 - entreprise

Selon A. Schumpeter.

En premier lieu l'agent économique, hors des voies accoutumées, manque pour ses décisions des données que le plus souvent il connaît très exactement quand il reste sur les voies habituelles, et pour son activité il manque de règles. Certes ce n'est pas comme s'il faisait un saut hors du monde de l'expérience, ou même seulement hors du monde des expériences sociales ; il doit et peut prévoir et estimer toutes choses selon la base de ses expériences, et, dans bien des choses, en toute confiance ; mais d'autres choses sont nécessairement peu sûres selon ses dispositions, d'autres ne sont déterminables qu'avec une vaste marge ; quelques-unes ne peuvent être que « devinées ». Ceci vaut en particulier des données que modifie la conduite de l'agent économique et de celles qu'elle doit d'abord créer. [..] L'acte de construire un chemin est d'une puissance supérieure à l'acte de le suivre. De même exécuter de nouvelles combinaisons est un processus qui ne diffère pas seulement en degrés de la répétition de combinaisons accoutumées.

Dans une situation stratégique donnée il, faut agir, même si manquent en vue de l'action les données que l'on pourrait se procurer: de même dans la vie économique il faut agir sans que l'on ait élaboré dans tous ces détails ce qui doit arriver. Ici pour le succès tout dépend du « coup d'œil », de la capacité de voir les choses d'une manière que l'expérience confirme ensuite, même si sur le moment on ne peut la justifier, même si elle ne saisit pas l'essentiel et pas du tout l'accessoire, même et surtout si on ne peut se rendre compte des principes d'après lesquels on agit. [..]

Le second, concerne sa conduite. Il est objectivement plus difficile de faire du nouveau que de faire ce qui est accoutumé et éprouvé et ce sont là deux choses différentes ; mais l'agent économique oppose encore une résistance à une nouveauté, il. lui opposerait même une résistance, si les difficultés objectives n'étaient pas là. L'histoire de la science confirme grandement le fait qu'il nous est extrêmement difficile de nous assimiler, par exemple, une nouvelle conception scientifique. Toujours la pensée revient dans la voit accoutumée, même si celle-ci est devenue impropre au but recherché et si la nouveauté, plus convenable au but poursuivi, n'offre pas en elle-même de difficultés particulières. L'essence et la fonction d'habitudes de pensées fixes, fonction qui accélère la vie et épargne des forces, reposent précisément sur ce qu'elles sont devenues subconscientes, donnent automatiquement leurs résultats, et sont à l'abri de la critique, voire de la contradiction, de faits individuels. Mais cette fonction, quand son heure a sonné, devient un sabot d'enrayage. Il en va de même dans le monde de l'activité économique. Dans le tréfonds de celui qui veut faire du nouveau, se dressent les données de l'habitude ; elles témoignent contre le plan en gestation. Une dépense de volonté nouvelle et d'une autre espèce devient par là nécessaire ; elle s'ajoute à celle qui réside dans le fait qu'au milieu du travail et du souci de la vie quotidienne, il faut conquérir de haute lutte de l'espace et du temps pour la conception et l'élaboration des nouvelles combinaisons, et qu'il faut arriver à voir en elles une possibilité réelle et non pas seulement un rêve et un jeu. Cette liberté d'esprit suppose une force qui dépasse de beaucoup les exigences de la vie quotidienne, elle est par nature quelque chose de spécifique et de rare.

Le troisième point est la réaction que le milieu social oppose à toute personne qui veut faire du nouveau en général ou spécialement en matière économique. Cette réaction s'exprime d'abord dans les obstacles juridiques ou politiques. Même abstraction faite de cela, chaque attitude non conforme d'un membre de la communauté sociale est l'objet d'une réprobation dont la mesure varie suivant que la communauté sociale y est adaptée ou non. Déjà quand on tranche par sa conduite, ses vêtements, ses habitudes de vie sur les personnes du même milieu social, et à plus forte raison dans des cas plus graves, celles-ci réagissent. Cette réaction est plus aiguë aux degrés primitifs de la culture qu'à d'autres, mais elle n'est jamais absente. Déjà le simple étonnement au sujet de l'écart dont on se rend coupable, sa simple constatation exerce une influence sur l'individu. La simple expression d'une désapprobation peut avoir des conséquences sensibles. Cela peut mener plus loin : au rejet de l'intéressé par la société, à une interdiction physique du dessein qu'il avait formé, à une attaque directe contre lui. Ni le fait qu'une différenciation progressive affaiblit cette réaction (d'autant plus que la raison principale qu'a cette réaction de s'affaiblir est l'évolution même que nos développements veulent expliquer) ni le fait que la réaction sociale agit comme une impulsion suivant les circonstances et sur certains individus ne changent rien en principe à l'importance de cette réaction. Surmonter cette résistance est toujours une tâche particulière sans équivalent dans le cours accoutumé de la vie ; cette tâche exige une conduite d'une nature particulière. Dans les matières économiques cette résistance se manifeste d'abord chez les groupes menacés par la nouveauté, puis dans la difficulté à trouver la coopération nécessaire de la part des gens dont on a besoin, enfin dans la difficulté à amener les consommateurs à suivre. Ces facteurs sont encore influents aujourd'hui, quoiqu'une évolution tumultueuse nous ait habitués à l'apparition et à l'exécution de nouveautés ; c'est dans les stades initiaux du capitalisme qu'on peut le mieux les étudier. Ils sont si évidents, que par rapport à nos fins, ce serait temps perdu que de s'y étendre davantage.

A. Schumpeter



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