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Croissance, développement et inégalité en Chine

07/05/2006 - reflexions economie chine

Dans la mondialisation néolibérale actuelle, croissance et développement sont des phénomènes qui touchent plus ou moins chaque pays en fonction de son potentiel économique. Ce potentiel, qui se base autant sur les ressources naturelles que sur les réformes économiques et sociales, n'atteint donc pas le même degré selon les pays. En effet, les ressources naturelles sont inégalement réparties et les emprises idéologiques issues de la guerre froide ou autres ruptures suggèrent des variations, des inégalités et des oppositions entre plusieurs nations.

Ainsi, le potentiel économique initial influe sur l'évolution de l'économie d'une région, provoquant de grandes inégalités, tant au niveau local que mondial.

La Chine, par une démographie importante à l'échelle mondiale, par une économie inspirée de l'ère de Mao connaît donc un développement et une croissance en dehors des cas d'école. En effet, la mondialisation actuelle a transformée l'économie socialiste chinoise affichant un développement fulgurant au prix de nombreuses ruptures locales et internationales, malgré les théories marxistes anti-capitalistes.

Le développement de la Chine

La Chine a connu entre 1970 et 1999 un développement humain important, tout en améliorant ses conditions de vie. En effet, le taux de mortalité infantile passe de 130 à 40 pour 1000 naissances entre 1970 et 1999. Pourtant, malgré les efforts d'une politique sanitaire, en référence l'exemple du SRAS il y a deux ans, l'espérance de vie chinoise stagne à 68 ans tandis que les pays industrialisés de l'OCDE atteignent facilement une espérance de vie de 77 ans, provoquant ainsi une inégalité mondiale.

Toutefois, on peut considérer le développement humain de la Chine positif en raison de l'économie socialiste de marché. L'état est alors réduit à un rôle macroéconomique, puisque les régions assurent le fonctionnement microéconomique. Cette libéralisation des pouvoirs permet à l'Etat d'assurer un service public comprenant une protection sociale équitable au niveau national.

On peut noter quelques bémols avec en particulier un faible taux d'alphabétisation de 75% en 1970 et de 85% en 1999. Ce taux résulte d'une inégalité locale entre le bassin économique côtier qui est « avancé » et les plateaux et l'intérieur des terres où la population reste dans la PCS1 malgré les efforts de redistribution des richesses de la part du macro état.

La croissance Chinoise

Outre une croissance démographique importante de l'ordre de 100% en 40 ans, la Chine connaît aussi une forte croissance économique. Le PIB est ainsi passé de 368 milliards de dollars en 1985 à 581 milliards de dollars en 1993 pour finir à 1266 milliards en 2002. Mais le PIB chinois reste au neuvième rang mondial car la richesse de la côte chinoise et des mégalopoles est atténuée par la grande pauvreté des plateaux.

La Chine connaît aussi une dévaluation monétaire lui permettant d'imposer sur le marché mondial des produits plus compétitifs. En effet, depuis la mise en place de l'euro, (monnaie de référence mondiale), le yuan a perdu 30% de sa valeur.
Le risque de cette dévaluation est une poussé inflationniste en cas d'accords monétaires internationaux qui rendraient le niveau du yuan plus équitable face aux autres devises. Mais les autorités chinoises refusent toute négociation.

L'économie socialiste de marché

En raison d'une forte pression démographique, les autorités sont poussées à forcer une hausse du PIB pour subvenir aux besoins de l'ensemble de la population via une redistribution. On se rapproche de la théorie de Wicksell sur l'optimum de la population, où l'on recherche le revenu maximum par habitant en exploitant le potentiel économique. En redistribuant les revenus, le macro état réalise la théorie marxiste sur le développement : « L'accroissement démographique peut être absorbé à condition que le système de répartition des revenus se trouve modifié »

L'explosion démographique nécessite aussi un besoin important d'importation, notamment de ressources naturelles comme le pétrole, le gaz, provoquant une flambée des cours mondiaux en raison d'une demande en hausse nationale de 40% sur un an, alors que le marché mondial des énergies fossiles est à saturation. Pour maintenir une balance commerciale positive, on comprend aussi l'intérêt chinois à développer l'économie. Ainsi, pour contre balancer le poids des importations, les exportations ont atteint 326 milliards de dollars en 2002. La balance commerciale penche donc de plus en plus du côté chinois avec un excédent de 17 milliards en 1994 contre 44 en 2002.

L'économie socialiste de marché a changé le secteur public. Bien que 110 millions de chinois sur 769 millions d'actifs travaillent dans le service public, ce dernier ne cesse de diminuer. Ainsi, entre 1978 et 1984, la part de commerces contrôlés par l'Etat passe de 90% à 46%. Ces modifications de l'économie vont provoquer des transformations sociales importantes.

Les transformations économiques et sociales

Le développement, qui n'a pas eu lieu dans l'ensemble des provinces chinoises va provoquer des inégalités qui divisent le pays en trois zones. Il existe ainsi trois Chine, la Chine maritime comprenant les villes comme Shanghai Pékin et Tianjin, la Chine du Sud avec le développement d'Hong-Kong et la Chine de l'Ouest et de l'intérieur qui ne fournit que 17% de l'économie du pays tout en contenant 57% de la population du pays. Ainsi, le développement et la croissance fulgurante de la Chine ne profite pas à l'ensemble des habitants, le revenu des paysans des provinces de l'intérieurs n'a que doublé par rapport au revenu du citadin qui a au moins quadruplé. Les inégalités sont encore plus fortes dans les grandes métropoles où un résident gagne 10 fois plus qu'un habitant du Guizhou limitrophe à la Mongolie.

La puissance et la richesse de la côte provoquent donc des migrations internes, faisant exploser les concentrations urbaines côtières. En effet, en 1900, seul 10% des chinois vivaient en ville, contre 50% aujourd'hui et 75% en 2030.

Cette urbanisation provoque une dépersonnalisation des liens communautaires entre les individus. En effet, on passe de l'état d'une population traditionnelle à une population urbaine. C'est dans cette optique que les dépenses traditionnelles ont baissée de 10% en milieu urbain contre une augmentation des dépenses high-tech de l'ordre de 50%. Cette nouvelle tendance urbaine confirme de nouveaux besoins de consommation de masse, en raison d'une hausse du revenu urbain de 200% entre 1980 et 2000.

Le problème majeur des autorités politiques chinoises repose donc dans l'inégalité entre les provinces urbanisées et industrialisées et les provinces agricoles de l'intérieur et de l'ouest. La situation, opposant deux zones économiques totalement opposées, rappelle les difficultés du gouvernement de Berlin de résoudre les inégalités de la réunification depuis 1990.

Le développement durable

Le développement durable consiste en un développement optimum (cf. Wicksell) qui ne compromet pas la capacité des futures générations à répondre à leurs besoins. La Chine est en dessous du seuil fixé par l'ONU alors que l'OCDE (pays industrialisés) se situe largement en dessus des valeurs chinoises. Mais l'indice de développement durable chinois s'axe sur la courbe qu'ont effectué les pays de l'OCDE des décennies auparavant, montrant ainsi une inégalité de développement dans l'espace temporel

On observe à ce niveau une inégalité internationale. En effet, la pression démographique chinoise nécessite donc une meilleure gestion du patrimoine et des ressources naturelles pour ne pas compromettre les générations futures. Ainsi, avec une population représentant 21% de la population mondiale, il parait évident que l'empreinte écologique ne peut être satisfaite en vue de la concentration démographique. Les moyens sont donc inégaux pour lutter pour le développement durable.

Il est à noter que les moyens employés sont inégaux face aux USA. En effet, ces derniers n'appliquant toujours pas le protocole de Kyoto, comment peut-on donc lutter avec des moyens si différents pour une cause commune ?

Une mondialisation inégale

Alors que le monde est entraîné par un courant économique que l'on appelle la mondialisation, on remarque rapidement que cette mondialisation est largement inégale et n'avance pas au même rythme.
Outre une inégalité quantitative, on note donc une croissance inégale qui accentue les inégalités.

Ainsi, la Chine à un revenu par habitant qui croît plus rapidement que les autres PVD. EN effet, il passe de 1,9 dollars par jour par habitant en 1960 à 14,4 dollars par jour par habitant en 2001 tandis que l'Inde passe de 1,9 dollars par jour par habitant en 1960 à 5,2 dollars par jour par habitant en 2001. Avec le même stade de départ, mais un potentiel économique différent, le processus de mondialisation est inégal entre l'Inde et la Chine, qui a su doper son PIB face à l'Inde. Ces inégalités se confirment au niveau mondial entre la fracture Nord/Sud. Bien qu'un pays de l'OCDE a une croissance inférieure aux PVD, le revenu des pays industrialisé est 6.4 fois supérieur aux pays en voie de développement.

La Chine connaît donc une meilleure mondialisation que ses homologues asiatiques. Mais elle est encore loin derrière les pays industrialisés qui provoque la fracture Nord/Sud.

En conclusion, on peut donc dire que la Chine est un des dragons asiatiques. Connaissant une croissance exemplaire, devant même limiter l'accroissement de son PIB qui explose à + 8% par an, la Chine s'impose de plus en plus sur le marché mondial, non pas par sa richesse économique par habitant, mais par son poids démographique qui offre ainsi un bassin économique conséquent.

Mais on peut aussi se demander se qu'est réellement une « bonne croissance ». La Chine n'est t elle pas une république socialiste appliquant les règles capitalistes les plus débridées dans les « ZES » (zones économiques spéciales) ? Une « bonne croissance » se confirme par

  1. un plein emploi et une sécurité de subsistance,
  2. un encouragement de la liberté,
  3. une redistribution équitable,
  4. une cohésion sociale,
  5. un développement durable.

Si l'est sur que la Chine est sur de bonne voie, on remarque malheureusement que l'inégalité locale entre l'Ouest et l'Est du pays ne permet pas à la Chine d'être un exemple positif du développement humain. De même, peut-on dire que la liberté est aussi conséquente que dans une démocratie occidentale ? Trop d'inégalités subsistent entre les vestiges d'une société maoïste et la société urbaine néo-capitaliste qui est à la recherche de son pouvoir…



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